Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années…

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Face aux prédateurs capitalistes, plus engagés dans la course aux profits que dans une juste répartitions des richesses, richesses que parfois même ils s'emploient à détruire, telles les richesses agricoles, de la forêt… des femmes, des hommes, établissent des contre-pouvoirs. C'est un peu l'histoire du colibri qui transporte des gouttes d'eau afin d'éteindre un incendie… un colibri, plus un colibri, plus un colibri… ça fait une armée !

Depuis des années, des scandales sanitaires indignent, révulsent, nous font regarder nos assiettes avec suspicion. Un des derniers en date, particulièrement répugnant, celui des « faux steaks » fabriqués en masse et destinés à être distribués aux plus pauvres d’entre nous. Jusqu’où ira le cynisme (et c’est un mot poli) du Capital ? Les pauvres étant plus nombreux que les riches, ils tapent là où il y a de l’argent à se faire. C’est à… vomir !

Le Secours Populaire, par exemple avait, sans le savoir, distribué 150 tonnes de "steaks" sans aucune valeur nutritionnelle, quand l’alerte a été donnée. Pas de viande ni de muscle, mais de l’amidon, du soja, de la peau et du gras. Il faut vraiment être de parfaits salopards (quel autre qualificatif employer ?) pour imaginer pareille fraude, pareille indignité (restons polis) la mettre en action, tromper les pouvoirs publics qui détournent trop souvent les yeux devant la misère sociale…

Résistances citoyennes, contre profits capitalistes

D’autres questions sont soulevées lors de différents projets qui touchent à la question environnementale, au respect de la biodiversité, au respect de l’être humain, de l’animal… Factuel.info suit ou a suivi des « dossiers » particulièrement brûlants : La construction d’un Center Parc, à Poligny, combattue par une association, Le Pic Noir. La question du « bétonnage » du quartier des Vaites, combattue, elle aussi, par des citoyen-enes soucieux de préserver des équilibres environnementaux. Tout récemment, dans Factuel, un article au sujet d’un projet d’extension du domaine skiable des Rousses, projet qui impliquait la destruction de plus de cinq hectares de forêt.

La partie est rude, les forces en place ne disposant pas des mêmes moyens. Mais, de plus en plus, grâce à des citoyennes et des citoyens soucieux du bien commun, la résistance s’organise. Elle est le fait de gens qui peuvent nous être proches, dans notre quartier, dans notre ville… Ils tracent une route, que nous n’avons plus qu’à emprunter et à consolider.

Parmi eux, un jeune homme, Amélien Grandvaux. Il est un homme de son temps, de ceux qui ont fait des choix en direction de l’écologie, comprise comme faisant la part belle à une agriculture débarrassée de pesticides et autres poisons pour l’homme et pour la terre.

Un engagement citoyen qui commence au collège

Il est né le 16 juin 1992, à Besançon, mais c’est à Dole qu’il grandit. Son père, tout d’abord barman dans une boite de nuit, travaille ensuite à la SNCF. Sa mère, tout d’abord surveillante au collège, travaille ensuite à la PJJ, la protection judiciaire de la jeunesse. Une scolarité en primaire sans problèmes. À cette époque, il aime tout particulièrement dessiner, à la craie, au fusain… Il suit également des cours de dessins réservés aux enfants, dans le cadre des Beaux-Arts. Cela ne sera pas sans incidence sur le cours de sa vie, de ses orientations de formation. De ses années collèges, à Dole, il garde un très bon souvenir. Il se sentait, dit-il, "le roi du pétrole"! Il fait le strict minimum afin d’obtenir des notes acceptables. Surtout, son engagement citoyen commence pendant les années collège. Il fait activement partie de l’association des élèves, qui se donne pour objectifs de participer à l’animation culturelle en organisant divers événements.  Un engagement qu’il continue lorsqu’il est au lycée. Le grand-père paternel d’Amélien Grandvaux est adjoint au maire, à Dole et sans doute conforte-t-il l’engagement citoyen de son petit-fils, même si ce dernier ne l’a pas vraiment connu. Certaines transmissions de valeurs n’ont pas toujours besoin de beaucoup de proximité. Elles imprègnent tout ou partie d’une famille.

Esprit citoyen naissant, esprit rebelle naissant, aussi. Cela va souvent de pair

Après les années collèges, Amélien veut quitter Dole. Son intérêt pour le dessin le pousse vers l’architecture. De plus, il a expérimenté, avec son père, le plaisir et l’intérêt de rénover des maisons familiales, dont il faut penser et réaliser l’architecture. Il intègre donc le lycée Pierre-Adrien Paris, à Besançon, en section assistant d’architecte. La vie en internat lui déplait. Il fera donc quotidiennement les trajets Dole-Besançon, en train. Chaque fois qu’il le peut, il se rend à Paris, visiter des expositions consacrées à l’art.

Lors de sa formation, au lycée, il s’intéresse tout particulièrement à la question des constructions à énergie renouvelables, ou positives. Il apprend à connaître les normes obligatoires à respecter. Son intérêt pour la sauvegarde de l’environnement grandit, sur celui du choix des matériaux…

Il passe et il obtient son Bac, toujours animé par son esprit citoyen, par son respect pour l’environnement donc pour l’espèce humaine… et animale. Bref, il cherche une voie qui lui permettra de mettre ses idéaux en pratique.

Après le Bac, il opte pour le projet de créer sa propre entreprise. Il prépare un BTS, à Dole. Option management, force de vente et création d’entreprise. Un intitulé qui fleure bon l’esprit capitaliste, à première lecture. Ce sera un outil, pour Amélien Grandvaux, qui lui permet de continuer à avancer vers la réalisation de son objectif : créer sa propre entreprise en mettant en action son engagement citoyen et écologique. Sa formation se fait en alternance, avec des stages pratiques, dont une expérience déterminante dans un magasin bio, à Saint-Claude.

À l’issue de son BTS, son choix est définitivement arrêté. Son entreprise sera une épicerie indépendante, bio, et sans emballages. Une vente en Vrac !

Amélien Grandvaux a bien préparé son dossier, mais l’affaire n’est pas dans le… sac en papier. Il faut convaincre les banquiers. Il est suffisamment déterminé et crédible pour qu’une banque le suive. " Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées la valeur n'attend point le nombre des années" fait dire Corneille à Rodrigue, dans Le Cid.

L’épicerie bio et en Vrac, d’Amélien Grandvaux ouvre à Besançon le 20 juin 2016. Rodrigue… pardon, Amélien, a alors 24 ans. Il privilégie les agriculteurs et les fournisseurs locaux pour l'approvisionner. Il s’agit de réduire les temps de trajet entre le fournisseur et le lieu de réception, afin de limiter l’émission de gaz à effet de serre. Tout est pensé, dans les plus petits détails… et produits consommables. S’il s’agit de réduire les émissions de gaz à effet de serre, il s’agit aussi de limiter le gâchis, les emballages polluants, par exemple les plastiques, dont on ne sait plus que faire.

Les sacs en papier les remplacent, mais mieux encore, les sacs en tissu, lavables et donc réutilisables, les remplacent aussi. Chez Amélien Grandvaux, ils sont fabriqués localement, mais le tissu est tissé en Inde. Il s’est assuré du fait que les employés sont correctement payés, par les employeurs qui obéissent à une charte éthique, et bénéficient d’un label internationalement reconnu.

Dans toutes les décisions qu’il prend, il se donne un maximum de garanties. Il souhaite agir en tant que citoyen responsable, contribuer à faire vivre son quartier, sa ville, son département, sa région… de façon à ne détruire ni la santé de l’homme, ni l’équilibre de la nature.

Des petites gestes… de beaux résultats pour nous et pour la planète

Pour nous, consommateurs et citoyens, cela passe par opérer des choix dans de tout petits gestes qui peuvent avoir de belles conséquences. Les sacs en tissu, plutôt que les sacs en papier, plutôt que les sacs en plastiques. On peut venir avec son propre contenant (bocal en verre, bouteille…). On peut acheter les shampoings « en bloc » sans produits nocifs, sans emballage… Chez Amélien Grandvaux, ils sont fabriqués chez un artisan Dolois dont nous ne donnerons que le prénom, Olivier. Les blocs de shampoing sont transportés dans un emballage carton, redonné au fournisseur en vue d’être réutilisé.

Les rasoirs plastiques et jetables peuvent être replacés par des rasoirs de sécurité en inox, ainsi que les pailles qui nous servent à boire des jus de fruits… bio. En ce qui concerne les rasoirs jetables, au bout d'une vie d'homme et de femmes, ils pourraient remplir, par utilisateur-trice plusieurs poubelles de 100 litres !!  On peut remplacer les bouteilles en plastique par des gourdes, et l’on peut également trouver des boites-repas lavables, réutilisables…

Un cercle vertueux 

Tenir cet engagement du bio et de la consommation responsable, demande d'avoir établi une cercle vertueux entre les producteur, le vendeur et les consommateurs. Cela demande beaucoup de contacts et de vérifications. Par exemple, Amélien Grandvaux refuse de travailler avec les producteurs qui se tournent vers les grandes surfaces. Il assiste aux "Salons du bio", afin de se faire de nouveaux contacts et de découvrir de nouveau produits. Les gouttes d'eau, dit-on, font les grandes rivières, qui font les grands fleuves… Nous pouvons être ces gouttes d'eau qui finiront pas dépolluer les rivières, le fleuves, la mer...

Bien entendu, chez lui, on peut régler ses achats en Pive, la monnaie locale.

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