AUTODÉFENSE INTELLECTUELLE. Étude de cas : Amazon à Belfort

La domination intellectuelle bourgeoise est quotidienne, aliénante, intrusive et possède une impressionnante puissance de diffusion. Radios, chaînes de télévision, journaux, panneaux publicitaires et électorales, sites et réseaux internet, sont pour une écrasante majorité des possessions des ultra-riches de France. Certains d’entre eux, ont clairement affirmé que l’empire médiatique bourgeois n’avait pas un but financier, mais une finalité clairement idéologique.

Si la population avait des moyens d’autodéfense intellectuelle efficaces, elle serait capable de se protéger facilement des fake news, des thèses conspirationnistes en tout genre, de l’intégrisme, du sectarisme et du fascisme.

Mais elle serait, par conséquent, capable aussi de se protéger de la propagande capitaliste comme les publicités par exemple. Elle serait aussi capable de se protéger de toute les sournoiseries intellectuelles des politiciens et des médias dominants.

Nous traiterons régulièrement sur ce blog de cas concrets d’actualités. Nous parlerons des attaques intellectuelles et médiatiques quotidiennes de la part des ultra-riches sur nos classes populaires.

« La première chose qu’il faut faire, c’est prendre soin de votre cerveau. La deuxième est de vous extraire de tout ce système d’endoctrinement. Il vient alors un moment ou ça devient réflexe de lire les médias dominants en y recensant les mensonges et les distorsions , un réflexe de replacer tout cela dans un cadre rationnel. Pour y arriver, vous devez encore reconnaître que l’État, les corporations, les médias et ainsi de suite vous considèrent comme un ennemi : vous devez donc apprendre à vous défendre. Si nous avions un vrai système d’éducation, on y donnerait des cours d’autodéfense intellectuelle. »- Noam Chomsky

Étude de cas : Amazon à Belfort

Sur l’Aéroparc de Fontaine (Territoire de Belfort), l’implantation secrète et rapide d’une plateforme logistique pour Amazon, avec la complicité des élus locaux, est une démonstration de puissance, de domination et d’autoritarisme de la part de la bourgeoisie.

Amazon nous montre sa domination en exhibant sa puissance immobilière, financière, matérielle, politique, médiatique et intellectuelle. Ce sont ces 3 derniers points que nous allons analyser ici.

Domination intellectuelle : Toxicité, addictions et espionnage

Les oppositions à Amazon, que l’on retrouve à tous les endroits où l’entreprise veut s’installer, est surtout une opposition de fond et sur le long terme. Contrairement au capitalisme qui donne des réponses immédiates et inefficaces, et gèrent les problèmes à court terme sans jamais anticiper les conséquences de leurs actes.

Le fond des problèmes se trouve dans le modèle de société dans lequel nous nous engouffrons, dont les GAFAM sont les représentants et les plus fervents défenseurs.

Car derrière le sujet pragmatique de l’implantation d’une plateforme logistique, se cache le sujet bouillant et occulté par les médias dominants : la diffusion de la 5G et le « tout connecté ».

« Ces dernières années, tous les appareils qui nous entourent se sont mis à développer une vie qui leur est propre. Les téléviseurs modernes enregistrent les conversations de leur entourage, les réfrigérateurs modernes s’occupent dans le même temps de la gestion des provisions et même les fours modernes ne se limitent plus à être un foyer de chaleur électrique.

Avec les smartphones, la plupart des gens trimballent leurs micros sur tous leurs trajets.

Il n’est donc pas surprenant que de nombreuses personnes fassent rentrer chez elles, y compris de leur plein gré, le programme d’espionnage de l’entreprise Amazon nommé Alexa.

Et cette auto-surveillance volontaire entre nos 4 murs, c’était hier. La « smart city » d’aujourd’hui et de demain comprend un répertoire impressionnant de capteurs sensoriels, qui peut enregistrer et surveiller avec minutie qui est où et avec qui. Et également contrôler les mouvements et les actions des habitant-e-s des villes, les orienter et les manipuler, en utilisant des méthodes de plus en plus sophistiquées.

Mais comment être en capacité de contrôler une ville entière ?

Là ou les méthodes classiques d’architecture, de travail policier, de psychiatrie, de société carcérale, d’école et d’éducation en général atteignent leurs limites, la technologie d’information ouvre de nouvelles possibilités jusqu’alors inconnue.

Et les personnes contrôlées ? Elles se laissent vendre cela comme un progrès.

Comment Google saurait-il exactement où se trouve les embouteillages ? Comment s’assurer qu’on a l’argent nécessaire sur son compte pour opérer un paiement ?

Tout cela fonctionne si internet est accessible partout. D’ailleurs, si nous avons accès au cyberespace à tout moment, nous ne devons par conséquent ne jamais perdre notre temps.

« Le temps c’est de l’argent » comme disent les capitalistes depuis 2 siècles (ou plutôt leur argent). Aujourd’hui, les nouvelles technologies n’apportent pas d’évolution sociale à nos classes populaires.

Quand nous prenons les transports en commun pour aller au travail, nous ne gaspillons plus de temps : nous pouvons lire les news du jour, regarder des séries ou des films en streaming, rester en contact avec nos potes grâce à Signal, nous prendre en photos sur Instagram, etc.

C’est si simple que nous n’avons plus jamais à ressentir l’ennui.

A chaque minute libre, nous regardons notre smartphone plutôt que de nous perdre dans nos pensées (révolutionnaires ou pas).

Parfois, regarder nos appareils est même plus excitant que le contact réel.

Nous avons le sentiment de ne pas nous ennuyer grâce aux téléphones, mais au final nous avons des vies ennuyeuses.

Est-ce vraiment la vie dont nous rêvons ? Travailler toute la journée comme des chiens et regarder Netflix ou des pornos pour nous détendre. Une normalité brisée par la montée de la dopamine à chaque nouvelle notification entrante.

« Digital Detox » est l’une des dernières tendances de la Silicon Valley et désigne une sorte de « prise de congé » de l’utilisation de tous les appareils par conséquent toxique.

Les ultra-riches californiens, inventeurs de ces poisons, ont créé des écoles privées pour leurs enfants où les écrans sont absents.

Pendant que les gouvernements, les entreprises de technologie et leurs chiens continuent à faire des expériences avec ce venin numérique, une question pragmatique se pose à tou-te-s les autres: pourquoi devrions nous nous administrer ce poison ? »1

Domination médiatique : Amazon et l’Est Républicain, l’amour caché.

Tous les médias locaux ont été élogieux vis à vis de la conquête du géant américain. Ils ont aussi été très complaisants avec les élus locaux qui ont menti pendant 18 mois.

Les arguments écologiques ont été écartés du débat. Les médias capitalistes abordent cette nouvelle uniquement d’un point de vue économique, et occulte la toxicité et les addictions que les GAFAM apportent dans notre société, ainsi que leur fraude fiscale record.

Ce n’est justement pas l’Est républicain qui va jeter la première pierre à Amazon pour sa colonisation capitaliste.

Appartenant au Crédit Mutuel, un puissant groupe financier, présent dans les domaines de la monétique, la télésurveillance, la téléphonie, les assurances et les médias. Le crédit mutuel possède également depuis 2010, le puissant groupe de presse EBRA Est Bourgogne Rhône Alpes :

« Premier groupe de presse quotidienne régionale, il possède neuf quotidiens régionaux dont Le Dauphiné libéré, Le Progrès, Dernières Nouvelles d’Alsace et L’Est Républicain. Diffusés dans 23 départements de l'Est de la France, ainsi que trois hebdomadaires locaux et deux journaux gratuits. En 2015, le groupe a vendu chaque jour 970 245 exemplaires de ses neuf quotidiens régionaux pour un lectorat estimé en 2013 à 4,29 millions de lecteurs par jour. En 2014, les quotidiens ont reçu 5 385 000 visites uniques par mois sur leurs sites web et 1 999 000 sur leurs applications mobiles. »2

Nous reconnaissons de loin la stratégie de conquête des capitalistes, sachant que le siège social du Crédit Mutuel est situé à Strasbourg. Cette société privée occupe, surveille et domine socialement tout l’Est de la France ; grâce à leurs banques et leurs représentants insupportables, leurs distributeurs de billets accompagnés de leurs caméras de surveillance, leurs assureurs racketteurs, leurs politiciens corrompus et placés stratégiquement sur l’ensemble du territoire. Le tout appuyé par leur impressionnant pouvoir médiatique.

Sachant que le Crédit Mutuel a énormément investit dans la monétique ces dernières années, il est évident que l’Est Républicain n’a aucun intérêt à attaquer Amazon, c’est tout le contraire.

Domination politique

Damien Meslot (maire de Belfort-LR) et les ultra-riches américains nous prouvent qu’ils font ce qu’ils veulent, où ils veulent, comme ils veulent et... fermons nos gueules !

Les politiciens de la gauche social-traître, opposés à l’implantation de Amazon, ont donné comme principal argument « la défense des emplois locaux et des petits commerçants ».

Un argument qui est peu convainquant pour les classes populaires, car nous savons majoritairement que les GAFAM nous arnaquent, tout comme l’épicier et le barman du quartier.

Selon les partis de gauche électoraliste, les classes populaires auraient dû se mobiliser massivement contre l’implantation d’Amazon dans le but de protéger les « petits commerçants ». Ce fut un échec.

Ce que les médias capitalistes et les politiciens de tout bord appellent « petits commerçants » ne sont que les perdants du capitalisme.

Ils ont voulu jouer le jeu des riches, mais ils sont faibles et médiocres, et lorsqu’une crise financière ou sanitaire s’invite, ces petits capitalistes pleurent devant les caméras et demandent la solidarité de la part de nos classes populaires.

D’ailleurs, cet argument de l’emploi local était déjà connu par Damien Meslot, qui avait déjà préparé son contre argumentaire bien avant l’annonce de la conquête d’Amazon, et savait qu’il n’aurait aucun débat public a assumer.

« Si Amazon s’était implanté 50km plus loin, cela n’aurait rien changé du tout sur le commerce belfortain et nous n’aurions pas eu les emplois. Or des emplois nouveaux, ce sont aussi des gens qui consomment localement. » déclare Damien Meslot dans la presse du Crédit Mutuel.

Le maire se vante d’avoir déjà reçu beaucoup de CV et dit « cela montre la différence d’appréciation entre les gens et les quelques opposants à ce projet ».

Mais qui sont ces « gens » qui envoient des CV, alors que le dossier était tenu secret, et que Damien Meslot affirme cela le jour de la confirmation du projet ?

Soit ces CV n’existent pas , et cela n’étonnera personne de savoir que le maire a menti. Soit ces CV proviennent des proches des politiciens qui connaissaient déjà le projet, donc du pistonnage, la fameuse « méritocratie » des bourgeois.

Loral Aitken, spécialiste des ultra-riches et des violences bourgeoises.

1 Plusieurs passages sont tirés et partiellement modifiés de l’article « Wann, wenn nicht jetzt ? », publié dans la feuille anarchiste hebdomadaire Zündlumpen Numero 64, 11 mai 2020, Munich.

2 Wikipédia, article Groupe EBRA

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