Annonces de suppressions d’emploi dans l’entité Steam de General Electric

L'entité Steam de GE concernée par les fuites de presse sur un plan de suppressions d'emplois à venir regroupe les activités liées aux centrales à vapeur, avec des compétences transversales de conception, de fabrication, de service, entre la vapeur issue du charbon et du nucléaire : turbine et alternateur, bâtiment, contrôle commande, ainsi que des compétences nouvelles dans les réseaux de distribution avec le compensateur synchrone qui doit permettre d'harmoniser les différentes sources d'électricité.

Elle abrite la fabrication et le brevet de la turbine Arabelle équipant la moitié des centrales nucléaires du monde, surveillée de près par l'Etat Français par l'intermédiaire de son action préférentielle.

Alors que l'entité souffre de sous-investissement dans un contexte de forte croissance de la demande mondiale d'installation de centrales nucléaires, où la France demeure la référence incontournable en raison de sa filière  électronucléaire très développée,  l'annonce  de la disparition de 300 nouveaux emplois est très inquiétante, pour le pays mais aussi pour la sûreté nucléaire mondiale.

Car la situation réelle de Steam aujourd'hui, ce sont des retards de livraison, des défauts de de sous-qualité générant des gâchis de temps  et  d'argent, un parc machine  qu'il faudrait renouveler, des pressions très importantes sur les salariés dans un contexte de manque de moyens humains.

L'Etat français laisse donc General Electric affaiblir encore la compétence nucléaire au moment même où des rumeurs de vente circulent. C'est irresponsable. Quant aux centrales à charbon, de nouveaux débouchés sont rendus possibles grâce à la nouvelle génération moins émettrice de C02 et les technologies de captation des gaz produits.

Or le développement des énergies renouvelables a ceci de paradoxal qu'il doit être associé à des capacités équivalentes générées par des sources pilotables pour suppléer à leur intermittence.

A rebours de la logique de segmentation en petites unités ultra spécialisées, les solutions nouvelles qu'exige le défi de la transition énergétique nécessitent au contraire de développer la transversalité des compétences dans une filière intégrée et cohérente : diversification vers d'autres types de production vapeur (géothermie, traitement des déchets, biomasse, solaire à concentration), systèmes de co-génération utilisant des unités de petite taille couplées aux réseaux de chaleur, couplage de l'éolien off-shore avec les centrales à gaz, ...

Mais General Electric préfère dépenser des dizaines de millions voir des centaines pour réduire ses capacités de production, supprimer des emplois, détruire des territoires,  plutôt  que  de penser l'avenir en privilégiant les investissements et les coopérations pour un mix-énergétique plus souple et plus respectueux de l'environnement.

Ainsi la transition énergétique ne s'accommode pas des logiques de profitabilité immédiate et maximale des grands groupes qui dominent la filière énergétique. Elles conduisent aux annonces récentes de RTE de coupure d'électricité pendant l'hiver, à la nécessité de s'approvisionner sur le marché européen avec une électricité plus carbonée, et à l'augmentation continue de la facture payée par les citoyens.

Il est urgent de changer de logique, en mettant les emplois et les compétences au cœur d'une nouvelle efficacité sociale, économique, écologique, grâce à :

-   un moratoire sur tous les PSE à General Electric

-   une maîtrise publique de l'ensemble de la filière de l'énergie, avec comme perspective la nationalisation complète de la branche énergie de General Electric, afin d'en conserver la cohérence industrielle et l'ensemble des compétences transversales

-   une nouvelle logique d'investissement, d'emploi, de formation et de recherches dans les Territoires, ce qui implique à la fois une nouvelle logique de financement, sortie des griffes du grand capital et reposant sur la mobilisation des leviers financiers (Banque publique d'investissement, ... ) et du crédit bancaire, et des pouvoirs nouveaux dans les entreprises et dans les collectivités locales l'organisation d'états généraux de l'énergie pour que les choix en matière de mix énergétique appartiennent à tous les citoyens.

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