Aménagement de la RN 57 entre les boulevards et Beure : Génération·s dit oui au désenclavement de Planoise et non à la mise à 2×2 voies !

Le débat autour du réaménagement de la RN 57 entre les boulevards et Beure refait surface à quelques jours du vote des orientations budgétaires de Grand Besançon Métropole. Il n’est pas surprenant que le sujet divise car il est parfaitement représentatif du modèle de développement que nous devons choisir pour l’avenir. D’un côté on trouve donc les partisans du projet tel qu’il est actuellement proposé par la DREAL (incluant une mise en 2 x 2 voies) et de l’autre celles et ceux qui, comme nous, s’opposent à cet élargissement et demandent une remise à plat des études.

Nous ne nions évidemment pas que la situation actuelle est loin d’être satisfaisante et que des travaux sont nécessaires. Il est en effet indispensable de sécuriser le secteur, notamment au niveau de l’échangeur de Saint-Ferjeux, et de désenclaver Planoise et ses 20 000 habitant·e·s, pris en étau entre la route de Dole et la RN 57. En la matière, les solutions proposées par la DREAL, notamment la construction d’une passerelle franchissant la route nationale et qui serait réservée au bus et aux modes doux, nous semblent intéressantes. Nous ne minimisons pas non plus toutes les retombées négatives induites par les embouteillages aux heures de pointes. Mais sur ce point, c’est sur la solution à apporter pour les résorber que notre position diverge. 

En effet, pour fluidifier un axe il y a deux solutions : réduire le trafic ou élargir l’espace dédié à l’automobile. Cette dernière solution est la plus répandue et ses résultats sont connus puisque c’est l’option qui a été privilégiée dans quasiment toutes les villes du monde jusqu’à ces dernières années. Dans les premiers temps de sa mise en place, le trafic est effectivement fluidifié mais ensuite il augmente et à terme les problèmes de congestion réapparaissent. Cela s’explique par ce que les urbanistes appellent le « trafic induit ». La création ou l’élargissement d’une voie entrainent des modifications des comportements de déplacement, comme par exemple être incité à aller habiter ou travailler plus loin si le temps de trajet est réduit. Les conséquences à long terme sont elles aussi connues depuis longtemps : plus de circulation et plus d’étalement urbain et, donc, plus d’émission de gaz à effet de serre. Par ailleurs, l’atteinte portée à la biodiversité par la bétonisation et la fragmentation des milieux naturels engendrées par de tels projets n’est plus tolérable. 

Les élu·e·s du Groupe Génération·s Social Ecologie, Démocratie tiennent par ailleurs à souligner que le cadre de vie des riverains, déjà très dégradé dans ce secteur, semble être une préoccupation secondaire du côté des partisans de l’élargissement et la construction de murs anti-bruit nous apparaît comme une bien maigre compensation. Ce projet va non seulement davantage enlaidir le paysage urbain (sur certains tronçons, en comptant les bretelles d’accès, il y est prévu jusqu’à 8 voies de circulation automobile), renforcer l’effet de coupure urbaine (en élargissant les emprises routières) ainsi que l’effet « îlot de chaleur » lors des canicules qui seront de plus en plus sévères et de plus en plus fréquentes. A Besançon comme ailleurs, les quartiers populaires sont touchés de manière disproportionnée par les risques environnementaux[1]. Cette 2x2 voies ne ferait que creuser encore davantage cette injustice sociale ! Les planoisien·e·s, qui vivent entouré·e·s de grands axes routiers, sont particulièrement exposé·e·s à la pollution de l’air en comparaison du reste de Besançon. Rappelons que ce fléau est à lui seul responsable de 67 000 décès prématurés par an en France[2]! 

En conclusion, la solution de la mise en 2x2 voies n’apporterait non seulement pas une solution pérenne contre les embouteillages aux heures de pointes mais de surcroît, elle inciterait encore davantage l’usage de la voiture individuelle et aggraverait les problèmes environnementaux. Génération·s préconise donc de s’attaquer aux causes plutôt qu’aux conséquences. Les 120 millions d’euros budgétés pour ce projet seraient bien mieux dépensés dans la mise en œuvre de solutions s’attaquant à la racine du problème, à savoir réduire le trafic automobile. Et la marge de manœuvre et énorme puisque sur cet axe le trafic de desserte locale (trafic à destination ou en provenance des quartiers jouxtant cette section) représente 80 % du total du trafic. Des aménagements cyclables directs, continus et sécurisés ainsi qu’une offre de transport en commun attractive pourrait permettre de réduire efficacement le trafic de desserte locale. Pour ce qui est des véhicules qui sortent et entrent dans Besançon, les pistes pour en réduire le nombre sont nombreuses : report d’une partie du trafic de transit de poids lourds sur l’autoroute, création d’une halte ferroviaire à côté du CHU qui permettrait de rejoindre l’hôpital et tout l’ouest bisontin en train depuis le plateau, incitation au covoiturage, réorganisation des horaires de travail, etc. Les alternatives sont nombreuses, explorons-les sérieusement plutôt que de céder aux solutions passéistes, simplistes et court-termistes !

[1] Sur ce sujet on peut notamment se reporter au rapport de l’Agence Européenne de l’Environnement intitulé Exposition et répercussions inégales: vulnérabilité sociale à la pollution atmosphérique, au bruit et aux températures extrêmes en Europe ou à l’article de Reporterre «Les pauvres sont les premières victimes de la pollution» https://reporterre.net/Les-pauvres-sont-les-premieres-victimes-de-la-pollution, 22 novembre 2017 / Baptiste Giraud et Nno Man (Reporterre)

[2] La pollution de l’air tue deux fois plus que ce qui était estimé, Le Monde, 12 mars 2019, https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/03/12/la-pollution-de-l-air-tue-deux-fois-plus-que-prevue_5435029_3244.html

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