Alauzet, la gratuité et les « seniors »

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Décidément M. Alauzet a du mal et avec les retraité·es et avec la notion de gratuité.

Lors de l’émission radiophonique le Forum de la presse de France Bleu vendredi 7 décembre, M. Alauzet a défendu le principe d’une gratuité pour les seniors aux heures creuses. Cette proposition peut apparaître au premier abord être un « mieux » par rapport à la situation actuelle, voire sembler séduisante à quelques-un·es. Il n’en est rien.

Pour M. Alauzet, nos seniors seraient donc inactif·ves et donc sont prié·es de dégager le chemin [ici les transports] aux heures « pleines » pour laisser la place aux actif·ves. Les « seniors » tel·les que défini·es par Ginko sont les plus de 63 ans. Que croit M. Alauzet ? Que les services publics ont des horaires d’ouverture différenciées pour eux et elles ? Que les médecins donnent leurs rendez-vous en fonction des heures creuses des transports publics ? Qu’emmener les petits-enfants à l’école, aller les rechercher se fait en heures creuses ? Que les réunions des associations que font vivre tou·tes nos retraité·es ont lieu exclusivement à 10h le matin ou 15h l’après-midi ?

Cette mesure et l’idée de son application est profondément angoissante. Car elle dresse le portrait d’une société divisée en 2 parts. D’un côté ceux qui bossent, qui sont dans le mouv’, « ceux qui ont réussi » ; et de l’autre « ceux qui ne sont rien » pour paraphraser Emmanuel Macron. Pour ces dernier·es, pour nos aîné·es, qui sont de plus en plus touché·es par la pauvreté, la ville leur ferait l’aumône de la gratuité à la condition qu’ils et elles ne croisent pas le chemin des actif·es et ne saturent pas, par leur simple présence, un réseau de transport emmenant les vagues d’actif·ves sur leurs lieux de travail ou d’étude. Cette vision de la société, purement utilitariste, provoque chez moi et mes ami·es des crises d’urticaire. Elle est l’inverse de ce nous défendons, l’inverse des jours heureux que nous appelons.

Cette proposition d’Eric Alauzet prend une coloration particulière quand on sait que 1,4 millions de Français·es âgé·es de 53 à 69 ans ne touchent ni revenu, ni retraite, qu’un demi-million de seniors vivent sous le seuil de pauvreté. Elle prend une coloration particulière quand on se rappelle sa sortie sur la « génération dorée » que seraient les retraité·es d’aujourd’hui et qui ont donc dû passer à la caisse avec les mesures fiscales de Macron de 2018, notamment la hausse de la CSG. Elle prend une coloration particulière alors qu’aujourd’hui en plein mouvement social, il défend le projet de réforme des retraites du gouvernement Macron, qui mettant en place la retraite par points, appauvrira l’ensemble des futur·es retraité·es pour les seuls profits des fonds de pension.

M. Alauzet, en bon libéral, ne comprend pas que la gratuité n’est pas simplement une mesure sociale, de charité ou d’aumône. Elle est une mesure d’égalité. La gratuité des transports publics pour toutes et tous, ouvre un nouveau droit : celui de se déplacer de manière égalitaire, quels que soient son âge, ses revenus ou les raisons de ses déplacements. Le camp politique auquel j’appartiens ne se contente pas de vouloir lutter contre la pauvreté, il promeut l’égalité, il pousse toujours plus avant de nouveaux droits pour nos concitoyen·nes. Et pour étendre ces nouveaux droits, oui, cela passe par une prise en charge collective des coûts de ces nouveaux services publics gratuits. Personne ne remet en cause aujourd’hui la nécessité d’une prise en charge collective des coûts de l’Education Nationale, non ? Il en sera de même demain pour la gratuité des déplacements en transport collectif de chacun·e.

J’écris tout de même un mot sur la position de Mme Vignot. Lorsque l’augmentation des tarifs des transports en commun a été votée en juin dernier à l’unanimité (EELV s’étant courageusement abstenu), les actions conjointes d’Alternatiba, d’ANV-COP21 et d’Extinction Rebellion, ont fait de la gratuité des transports publics un enjeu central de ces municipales. Mme Vignot se trouve donc aujourd’hui le cul entre deux chaises : elle doit à la fois donner des gages à ses alliés droitiers et continuer à apparaître comme LA candidate écolo, d’où ses contorsions sur le sujet. On notera néanmoins qu’elle ne défend pas la gratuité des transports en commun, mais se prononce dans la Presse bisontine de ce mois (dossier « Centre-ville et Commerces »), en faveur d’une gratuité le samedi.. Ou comment transformer une mesure d’égalité sociale et de transition écologique en mesure consumériste..

Pour en revenir à Eric Alauzet, et à son slogan de campagne : Volonté – Humanité – Vitalité :

La volonté est également ce qui définit nos retraité·es, engagé·es à tellement d’endroits vitaux pour la société, l’Humanité n’est pas sécable selon la tranche d’âge, et la vitalité n’est pas l’apanage de la jeunesse.

Commentaires

  • La position de Mr Alauzet (

    La position de Mr Alauzet ( dont les revirements successifs trahissent une inconstance très fâcheuse ) n’est en fait pas le sujet. Il importe par contre de savoir que la gratuité des transports collectifs urbains ( à Besançon comme ailleurs) est une fausse bonne idée malgré ses apparences séduisantes . Mme Arnoux a-t-elle bien en tête le mode de financement des transports collectifs urbains (TCU) en France : subventions publiques , versement transport des employeurs publics et privés , recettes venant des usagers ?Si on considère à la fois l’exploitation et les investissements ( infrastructures , matériel roulant ) la part moyenne des usagers est d’environ 20%. Ce qui n’est pas financé par l’usager le sera par le contribuable , étant entendu qu’à Besançon la contribution des employeurs a atteint le maximum autorisé par la loi. La gratuité entraînerait inéluctablement une augmentation de la pression fiscale , déjà considérable dans notre ville , et priverait la collectivité des ressources nécessaires pour renforcer l’offre en transports de manière ambitieuse. La gratuité est une mesure à la fois inutile et dangereuse .

    Inutile pourquoi ? Parce qu’elle ne garantit pas une forte hausse de la fréquentation (Lyon détient le double record des tarifs les plus élevés et de la fréquentation la plus forte , alors que Niort à la gratuité totale présente une fréquentation inférieure à la moyenne ) , parce qu’elle exonère de toute participation les usagers solvables . Seule une tarification solidaire , indexée sur le quotient familial , est adaptable aux moyens financiers de chaque usager.

    Dangereuse pourquoi : parce qu’elle n’est pas suffisante pour attirer massivement les automobilistes , parce qu’elle risque de remettre en cause le financement tripartite des TCU et plus particulièrement du versement transport alimenté par les employeurs.

    Les usagers , qu’ils soient seniors ou pas , ne réclament pas la gratuité pour tous mais une amélioration de l’offre et sa fiabilité , une modération des tarifs. Besançon , de par la configuration de l’agglomération , croule sous l’automobile et la pollution qui en découle . L’enjeu du prochain mandat consistera à donner aux citoyens les moyens de se passer de l’automobile. Le reste n’est qu’imprécations  et piques électorales. J’ai cessé de faire confiance à Eric Alauzet depuis sa reddition inconditionnelle à Macron mais estime , Mme Arnoux , que votre plume alerte peut trouver d’autres moyens de vous opposer au candidat LREM dont la migration politique ne peut que désespérer celles et ceux qui croient en la force des convictions.


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