A propos de la liquidation de Cultures du Coeur Franche-Comté

Merci à bernarbé pour son plaidoyer à propos de la disparition de Cultures du Cœur Franche-Comté (CdC). En qualité de fondateur de cette association en 2006, permettez moi quelques précisions : les places offertes par les 236 partenaires n'étaient nullement des invendus mais des dons solidaires (on ne sait pas à l'avance ce qui sera invendu), quant au prévisionnel 2013 il n'était que de 80000 €.

Compte tenu de son objet, CdC n'avait pas d'autres ressources pérennes possibles que des fonds publics. Le modèle économique reposait sur une répartition équitable des contributions des collectivités territoriales selon leurs compétences légales et au prorata des populations concernées dans chaque département ou commune. Soit à peu près 15 % pour la région, 45 % pour le Doubs et le solde à répartir entre les 3 autres départements. Après que le Doubs et Besançon se soient engagés à condition que les autres financeurs soient solidaires, il manquait 17000 € pour assurer la continuité de l’association.

Et c'est là que ça devient surréaliste voire courtelinesque : quatre départements et une région appartenant à une même majorité qu'on supposerait de sensibilité « sociale » ne sont pas capables de mutualiser 17000 € pour faciliter l'accès des précaires et des plus démunis au banquet de la culture. Conséquence : pas d'autre solution que de faire cesser l'association.

Mais dans le même temps, à Paris, pour le 15 ème anniversaire du réseau national Cultures du Coeur, Valérie Fourneyron ministre de la même (?) majorité déclarait : « On dispose là d’un outil formidable d’éducation populaire et de lutte contre les exclusions. Votre démarche s’inscrit pleinement dans la politique résolue, partagée et volontariste conduite par le gouvernement de Jean Marc Ayrault … Votre action d’éducation populaire répond également aux objectifs que nous souhaitons développer dans le cadre du plan national pour le développement de l’éducation artistique et culturelle. »

Euh, euh... oui, mais pas en Franche-Comté où on vient d'éloigner un peu plus de l'espace commun, 200000 personnes.

Le dicours complet de Valérie Fourneyron : http://presse.jeunesse-sports.gouv.fr/communique/1066/Discours-de-Valerie-FOURNEYRON-15eme-anniversaire-de-l-Association-nationale-Cultures-du-C-ur

Commentaires

  • Bonjour,
    Bonjour,
    Quelle violence… Mais jusqu’où devrons-nous aller pour qu’enfin les citoyens crient STOP !
    Nous n’en pouvons plus d’entendre parler de millions et de milliard d’euros de perte par ci, de gain par là. D’entendre que le luxe a fait des bénéfices considérables pendant que 90% de la population crie à l’asphyxie.
    Peu de mouvement de contestations, pas de force d’opposition… Nous voilà étranglés par cette foutue consommation. Les gens travaillent pour rembourser et n’ont plus la latitude d’aller protester au risque de perdre « leur capacité à payer »!
    Je suis travailleur social, ces gens que l’on n’entend jamais. A part Pascal le grand frère, entendez-vous des éducateurs, assistantes sociales, éducateurs de jeunes enfants… témoigner de la précarité des gens auprès de qui nous travaillons.
    Les subventions se réduisent chaque années un peu plus malgré le nombre d’enfants et de familles confrontés à des situations dramatiques. De quel fait ? mais « la crise » bien sur. Celle dont on nous abreuve pour que chacun fasse des efforts. Des foyers d’enfants surchargés, des éducateurs épuisés parce des conditions de travail inacceptables. Le monde s’insurge quand des enfants sont retrouvés morts sous les coups de leurs parents mais pourquoi ne sont-ils pas placés ? Parce que les foyers sont dans le rouge, les accueils augmentent, mais les subventions stagnent ou baissent !
    Alors, quand vous êtes seul avec un groupe de neuf enfants un dimanche, Culture du coeur était une bouffée d’oxygène. De la solidarité… La possibilité pour des enfants d’aller voir un spectacle, d’entrer au théâtre pour la première fois. L’occasion pour une personne sans domicile fixe d’aller à une séance de cinéma, pour une mère d’accompagner ses trois enfants voir un match de handball.
    Mais là encore, les subventions ont un droit de vie ou de mort sur le reste de lien social que certains tentent de ranimer.
    Pourquoi permettre au gens de se cultiver me direz-vous ? Risqueraient-ils de relever la tête et de demander des comptes à cette société qui les tue ?
    Toutes mes condoléances culture du coeur…


Laisser un commentaire