Je ne sais pas pourquoi chaque fois que je me connecte sur mon ordi, tout se met à clignoter : on me propose des produits pour maigrir (comme par hasard !) des gélules de chou pour éviter les gonflements, des sprays pour éviter les ronflements, toute la panoplie de la femme moderne (pléonasme). C’est ainsi qu’aujourd’hui tout le monde consomme les mêmes produits, décore son appartement avec les mêmes meubles et se nourrit des mêmes ingrédients…
Par chance, dimanche, Henri m’a donné une recette originale de Risotto. J’ai commencé de faire fondre les oignons dans du beurre. J’ai ajouté le riz Arborio jusqu’à ce qu’il devienne translucide et j’ai touillé en versant un verre de vin blanc et du bouillon. J’ai allumé la télé pour tuer le temps tout en touillant. J’ai vu des milliers de personnes sur un parvis. J’ai immédiatement pensé que c’était un rassemblement Facebook. Eh bien non, en contrechamp, il y a avait le pape qui faisait sa bénédiction. Sans perdre mon latin, j’ai continué de touiller, d’ajouter du bouillon, quelques filaments de safran.
Ensuite J’ai mis des bolets, de la crème, de la persillade tout en repensant à « Zelig » de Woody Allen, l’histoire d’un homme caméléon. Je ne sais pas si vous vous souvenez, le cinéaste avait utilisé les images de la bénédiction papale et s’était glissé lui-même à côté du souverain pontife. Quand il était en présence d’un chinois, Léopold Zélig se transformait en chinois. A un moment donné Zélig est posté à la tribune, juste derrière Hitler ; il aperçoit sa psychanalyste, lui fait un petit signe comme un enfant qui reconnaît un proche à une kermesse. La foule se mit à rire. Le Führer ridiculisé par le gag, fit un bide et, véritable tour de force, Zelig réussit à s’échapper in extremis aux commandes d’un avion, laissant Hitler furieux. J’aime bien ce film qui mélangeait à la fois le réel et les actualités. Sa forme « documenteuse » révélait pourtant une vérité sur l’homme, sur la peur d’être soi-même qui pousse à être comme les autres… Aujourd’hui, tout le marketing repose sur cette idée du caméléonisme : enfin si vous voulez en savoir plus, je vous en parlerai plus tard, car le risotto, n’attend pas…