Carbu corse et planche à voile

21 décembre 21

- Il manque le carbu ! Dis-je pointant du doigt une partie désespérément vide du compartiment moteur.

- Dans le coffre, pas d'inquiétude Répondit le vendeur.

Aussitôt, il contourna la 4L, ouvrit la porte du coffre et fouilla dans une caisse pour en sortir, bien enveloppé dans un chiffon huilé, la pièce manquante, qu'il me tendit. J’attrapai le morceau de métal, dépliait l'étoffe. Le Solex 28IBS ne me paraissait pas en mauvais, état, plutôt propre. Je frottai machinalement les embouts en laiton pour les faire briller.

La première fois que j'en avais tenu un, il était sur la table d'un ami à Bastia. Il n'était pas encore un ami, mais une connaissance qui avait accepté de m'héberger au cours d'une longue ballade corse. Le train m'avait emmené de Calvi, du bord de la plage à la capitale de haute Corse, en passant par le désert des Agriates et déposé pas loin de son immeuble où j'avais sonné en une fin d’après midi de mai, un peu venteuse, mais ensoleillée.

Le Solex 28IBS n'était pas la seule chose étrange que je trouvai chez mon ami. Une paire de ski de descente à l'entrée m'avait intriguée.

- Je te montrerai si tu veux, m'avait annoncé mon hôte en souriant dans sa barbe noire. Tu as faim ?

Comme je répondis par l'affirmative, il me proposa d'aller dans la pièce principale. Celle-ci ne donnait pas sur la mer, mais sur le rebord des montagnes. Il posa un grand plat de pâtes à la carbonara sur la table. Je reposai le carbu que je tenais dans les mains.

Il nous servit deux bonnes assiettes, que j'avalai goulûment. J'avais sorti de mon sac une bouteille de vin, et nous arrosâmes gentiment cette rencontre. Il regarda l'étiquette.

- Tu connais ?

- Les corses et le vin, c'est une histoire explosive, tu dois le savoir

Derrière lui passait un fond d'écran constitué d'une suite de photos sous marines, et de paysages.

- C'est le CD Rom sur lequel tu as bossé ? Je vis la pochette en évidence sur l’étagère.

- Oui j'espère que ça va se faire.

Pour le remercier, nous sommes monté dans la bergerie de sa famille, et je lui ai donné un coup de main sur les travaux en cours, puis en redescendant, je l'ai aidé à déménager quelques affaires dans son vieux 4X4. Les routes en Corse ne sont pas rapides surtout quand il s’arrêtait ou faisait un détour pour me montrer les endroits qu'il préférait.

Il me disait qu'il allait se poser un peu ici, lui le natif d’Argenteuil, parce qu'il y a tout ce dont il a besoin. La Corse est une main posée sur l'eau, et il s'y sentait bien.

Son grand projet pour l'été, je l'ai découvert un peu par hasard. Arrivé à Bonifaccio, il m'avait montré de l'autre coté, au loin, la Sicile. « Je voudrais traverser, aller là bas, non pas en bateau mais en planche à voile, à la force des bras et du vent... »

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