« La Paulette », une fille du peuple

Paulette Guinchard, « la Paulette » ou « Zaza », s’est donné la mort en Suisse le 4 mars 2021 par suicide assisté. Elle qui abhorrait les périphrases aurait détesté qu’on dise « elle a choisi de quitter la vie ». Son choix de mourir dans la dignité est certes un choix personnel – elle était affectée depuis des années d’une maladie génétique de plus en plus invalidante – mais c’est en même temps, alors même qu’un débat sur cette question se fraye un chemin, un acte politique, car ce faisant elle souligne la cruelle absence de législation de ce type dans notre pays.

« Seule ministre qui sait traire les vaches », disait-elle, née à Reugney, village du Haut Doubs, entre Ornans et Levier, elle avait très tôt, dès ses années d’étudiante à Besançon, milité à gauche. Comme un certain nombre d’entre nous elle avait adhéré dès ses vingt ans au PSU (Parti Socialiste Unifié) et s’était signalée, dans les années 1973-1974, par son soutien au MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception). Mais à la différence de celles et ceux qui, prolongeant la tradition de ce parti à travers les Alternatifs, se retrouvent aujourd’hui à Ensemble!, elle adhère au PS en 1986.

Elle poursuit dès lors une carrière politique entamée en 1983, locale d’abord (conseillère municipale, adjointe, conseillère régionale), puis nationale (députée), ce qui la conduira à la vice-présidence de l’Assemblée. De manière symbolique elle la présidera lors de la Journée internationale des femmes. Renouant dès lors le fil rouge de toute sa vie, l’attention portée aux « vieux » comme elle disait, elle accède enfin au secrétariat d’État aux personnes âgées. « Paulette », qui en tant qu’infirmière en psychiatrie, avait très tôt été attentive à leur accompagnement, fait adopter en juillet 2001 l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie), un texte qui leur permettant de rester chez elles ou de financer une partie de leur maison de retraite, change radicalement leur condition. Elle continuera dans cette voie en devenant Présidente de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie et de la Fondation de gérontologie.

Personnalité reconnue à gauche, elle avait eu l’occasion de faire un très beau discours en 1999 lors de la remise par Georges Séguy de la Légion d’Honneur à Robert Charles, figure du Parti communiste du Haut-Doubs et de Franche-Comté. Et ce devant un parterre de militants venus de tous les horizons. Soucieuse depuis toujours de la cause des femmes, c’est elle aussi qui remit en 2012 l’Ordre du Mérite à Édith Mougin, Présidente de Solidarité Femmes de Besançon, association dans la création de laquelle elle s’était impliquée.

Le respect souvent affectueux qu’elle a suscité dépasse et de loin, la question des appartenances et des différends parfois sérieux que nous avions avec elle (en dernier lieu sur les récentes élections municipales à Besançon, où elle a soutenu Alauzet (ex EELV) malgré son choix de soutenir LREM. « Fille du peuple » - ses parents étaient agriculteurs et elle a milité à la JAC (Jeunesse Agricole Catholique) - elle fut moquée pour son accent mais, regard clair et pénétrant, parole douce mais ferme, écoute attentive et empreinte d’une empathie profonde, convictions chevillées au cœur, Paulette fut certes une femme politique qui, modestement mais durablement, outre une attention précoce et persistante à l’écologie, aura marqué de son sceau le destin des personnes âgées. Mais elle fut aussi plus simplement une belle personne !

Adieu « Paulette » !

Mouvement pour une Alternative de Gauche Ecologiste et solidaire

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