Editeurs et écrivains en famille

L'ancien maître de conférences Jean-Louis Poirey, sa femme et ses enfants ont créé les Editions du Citron bleu à Gy. Ils publient fictions et romans noirs pourvu qu'ils se passent en Franche-Comté. Soirée rencontre ce jeudi sur le campus de la Bouloie à Besançon.

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A l'heure de la retraite, Jean-Louis Poirey enseignant-chercheur en géographie à l'université de Franche-Comté, a souhaité « donner libre cours à son imagination après l'écriture rigoureuse des travaux scientifiques ». L'idée d'écrire un livre et celle de créer une maison d'édition sont venues en même temps. Il fonde en 2009 les Éditions du Citron bleu, une SARL familiale où « personne n'est rémunéré et tout le monde a une responsabilité ». Il précise avec humour : « Madame Poirey est directrice générale des services financiers, je suis gérant, Florence qui a déjà écrit une vingtaine d'ouvrages de littérature jeunesse est directrice générale éditoriale, Frédérique est directrice générale des comités de lecture, Bruno directeur général de l'export. Les choix sont partagés et faits dans un esprit ludique. On s'amuse bien en famille ». Il écrit donc aussi un premier roman « La Révolte des poules en bois », l'histoire d'une femme qui décide de tout plaquer, boulot et mari en région parisienne et vient s'installer dans un hameau isolé de Haute-Saône. Cette femme pense pouvoir vivre en fabriquant artisanalement des poules en bois mais ça ne marche pas. Elle ouvrira finalement une société de traduction sur internet qui elle fonctionnera. « L'idée générale a été que l'isolement peut être rompu où que ce soit grâce notamment à internet. » Jean-Louis Poirey entend livrer une vision positive de cet outil de communication.

Une soirée éditeurs et auteurs francs-comtois est organisée ce jeudi 11 avril à la Maison des étudiants, 36A avenue de l'Observatoire à Besançon par le Bureau de la Vie étudiante de l'Université de Franche-Comté et le Centre Régional du Livre de Franche-Comté. Jean-Louis Poirey y sera à la fois comme auteur et représentant des Éditions du citron bleu. Il est à l'initiative de l'événement avec Anne Forno graphiste et collègue de l'université.

Ni régionalisme ni passéisme

« En Franche-Comté beaucoup d'écrivains et d'éditeurs s'intéressent à l'histoire mais il manquait des livres qui décrivent la région telle qu'elle est aujourd'hui, une région ouverte qui a des liens avec l'extérieur en même temps qu'une région où il fait bon vivre. Notre ligne éditoriale nous conduit à choisir les écrits de fiction qui se rapportent à ce qui se passe dans notre société, mais avec des allers-retours en d'autres lieux ». « L'ouverture sur l'extérieur est un fait en Franche-Comté » insiste l'auteur et éditeur, contre ceux qui mettent l'accent sur le repli de la région, « la partie nord que je connais le mieux a été une terre d'émigration importante ». Il évoque son père, franc-comtois d'origine, parti travailler à Paris comme une bonne partie de la famille. Lui-même est né dans la capitale et s'est installé à Gy où il constate encore « un fort brassage de population depuis 25 ans ».
« Mon lien avec la géographie est l'attachement aux lieux. Je demande toujours aux auteurs qu'ils décrivent les lieux avec précision, c'est ce qu'a fait Fabrice Pichon dans son dernier ouvrage où tous les renseignements concernant les lieux sont exacts. Je me suis aperçu que les lecteurs aiment suivre les héros dans des endroits qu'ils connaissent ». Citron bleu a publié quinze livres dont plus de la moitié de polars. Tous se déroulent pour partie dans la région.  « L'imagination est alimentée par les journaux, la presse et on se dit parfois qu'on n'oserait pas écrire en fiction ce que l'on apprend dans les faits divers. En écrivant de la fiction on veut montrer des possibles, des potentialités non explorées. Le polar a un succès important car le suspens y est souvent bien entretenu et qu'il y a une sorte de fascination pour la violence à notre époque. Il y a aussi un intérêt pour une littérature où tout ne se passe pas à Paris. » Un seizième livre d' un auteur de Montbéliard est en préparation.

Fabrice Pichon est l'auteur du « complexe du prisme » publié en janvier dernier. Jean-Louis Poirey nous confie ces éléments biographiques : « Naissance à Besançon le dernier jour de 1966. C’est certainement la raison qui le fait abandonner ses études de droit, au profit des paillettes d’un statut de « GO » dans un club de vacances Cannois. Toute chose ayant une fin, Fabrice Pichon se range des nuits de folie au début des années 90. Mais il n’oublie pas que la plume le chatouille dès le collège, encouragé par une prof de français qui préférait Georges Pierquin et ses « Brigades mondaines » à Émile Zola. Par la suite les idées s'entassent dans un coin de son esprit, et la vie poursuit son cours. Si chacun porte en lui ses propres déchirures, quitter sa ville et ses racines à l'âge de douze ans fut certainement une de celles qui marqua Fabrice Pichon le plus profondément. C'est peut-être ce qui l'amena à faire ses premiers pas dans l'univers du polar avec Vengeance sans visage, car ce qui n'a pas été aurait pu être. Le passé est un personnage à part entière de ses écrits car chacun est la somme de ses expériences. Bibliographie : « Vengeance sans visage » aux Editions du Citron Bleu ( 2012), «  Le complexe du prisme »  aux Editions du Citron Bleu – Collection Citron Polar ( 2013) ».
« On reçoit environ un manuscrit par semaine, certains proviennent de Français du bout du monde, Canada, Argentine, Mexique, Égypte ou d'étrangers du Maghreb notamment. Environ 5% des manuscrits entrent dans la ligne éditoriale. On répond à tous. C'est un métier complet, fait de lectures, de choix partagés dans un comité de lecture, un travail d'échange et de reprise avec les auteurs, chapitre par chapitre pendant trois mois en général, de mise en page, de coopération avec les graphistes pour la couverture, puis de distribution des livres imprimés dans une trentaine de libraires de la région. Il reste à participer aux nombreux salons et événements où le livre a une place. C'est un métier de contact plus que je l'avais imaginé au départ. Plusieurs années ont été nécessaires pour se faire connaître, ce fut difficile. La présence dans les nombreux salons du livre s'est avérée bénéfique. »
 

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