LREM hésite à se maintenir à Besançon, ville clé pour le parti

Le parti présidentiel a subi à Besançon une cuisante défaite en terminant derrière la droite aux premiers tours de ces élections municipales improbables. Éric Alauzet n’a pas su rassembler son parti et a dû affronter une candidate dissidente, ancienne référente départementale LREM et soutenue par le maire, l’un des premiers soutiens de Macron.

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Le parti présidentiel misait beaucoup sur Besançon pour asseoir son ancrage politique dans les territoires. C’est raté. Et l’enjeu y était important, car la cité comtoise était la seule ville de plus de 100 000 habitants, avec Lyon, à être administrée par un maire LREM. Éric Alauzet, député du Doubs et candidat investi par le parti, n’a obtenu que 18,9 % des voix, moins que ce qu’il pouvait espérer, et surtout, dans cette ville historiquement très liée à la gauche, derrière la droite…

Alors bien sûr, le contexte national et le rejet de LREM a joué, accentué par ses propres déclarations d’il y a un an, quand il disait que les « les retraités d’aujourd’hui font partie d’une génération dorée ». Cela lui a beaucoup été reproché et n’a pas été oublié par les électeurs. Tout comme ses vagabondages partisans à l’origine du surnom que ses opposants usent à excès : la girouette.

Membre des Verts, Éric Alauzet a été élu député en 2012 dans le cadre d’une alliance compliquée avec le PS et rejoint le groupe socialiste à l’assemblée en 2016, tout en conservant sa carte à EELV. Il n’apportera pas un appui franc à Benoit Hamon, désigné candidat dans le cadre de la primaire citoyenne de 2017 et n’assume sans doute encore alors pas vraiment son soutien à Emmanuel Macron, ce qu’il fera ouvertement pour le deuxième tour de la présidentielle. Il est réélu dans la foulée avec plus de 66 % des voix sous l’étiquette « majorité présidentielle ».

Lui suit sa ligne : une écologie politique ni de droite, ni de gauche

Lui se défend de toute volte-face, pointe les dérives gauchisantes de EELV et signale qu’il n’a fait que suivre une même ligne : celle d’une écologie politique, ni de gauche, ni de droite. Avec sa liste « L’écologie positive », il se dit plutôt aujourd’hui et de droite et de gauche et rappelle son engagement à sortir l’écologie de « là où on veut l’enfermer. »

Il a dû batailler dur pour obtenir, de justesse, l’investiture de LREM pour ces municipales à Besançon. Il avait face à lui une inconnue du grand publique : Alexandra Cordier, trentenaire, profil technocrate plus que politique, qui travaille depuis 10 ans à la mairie au cabinet et au service communication. C’était aussi la référente LREM départementale du Doubs, évincée de ce poste après l’annonce de sa candidature dissidente à la mairie de Besançon, une liste indépendante et citoyenne dit-elle.

Et c’est là que le contexte local si particulier entre en compte, car Alexandra Cordier est soutenue par Jean-Louis Fousseret, maire de la ville depuis 2001, réélu en 2014 sous l’étiquette PS et une liste d’union avec le PS, EELV et le PCF. Lui avait quitté le PS après la déroute des législatives de 2017 et rejoint LREM à l’automne suivant. On dit qu’il a refusé de plus hautes responsabilités pour rester dans sa ville. Son engagement précoce lui a sans doute valu sa nomination en tant que président de l’institut de formation du parti.

Alauzet dénonce un sabotage local

Dimanche soir, Éric Alauzet ne cachait pas son immense déception de ne pas être en situation de remporter la ville qui pouvait lui sembler acquise il y a encore quelque temps. Sur le plateau de France 3 Franche-Comté, il évoque « une étiquette LREM lourde » à porter, mais espérait que « l’enjeu local serait supérieur au rejet de la politique nationale ». Sans jamais marquer de rupture avec le gouvernement, il s’en était auparavant déjà distancié, en votant notamment contre le CETA et en se déclarant « plus écolo que LREM ».

Ce soir d’élections très particulier, qui avait aussi pour lui l’amer gout de la défaite, il dénonçait surtout un « un sabotage local ». Il accuse plus qu’à demi-mot le maire, avec qui il est en froid depuis déjà quelques années, d’être responsable de la situation. « J’ai travaillé pendant 20 ans avec Jean-Louis Fousseret. C’était une évidence pour beaucoup qu’il allait me soutenir. Le résultat est catastrophique à la fin. » Alexandra Cordier réalise un score de 4,5 %. Si ces suffrages lui étaient revenus, il obtiendrait plus de 23 % des votes, ce qui l’aurait placé au coude à coude avec Ludovic Fagaut, le candidat des Républicains.

Jean-Louis Fousseret, bien sûr concentré ce lundi sur la situation sanitaire, nous a tout de même brièvement donné son impression sur les résultats décevants de LREM et sur la division locale en son sein. « Que chacun balaie devant sa porte. Il n’est jamais venu me parler de ses ambitions municipales ni de ce qu’il voulait faire pour cette ville. Je l’ai attendu en vain. Il a déclaré dans la presse que l’ère Fousseret était terminée, on peut comprendre qu’il ne souhaitait pas discuter. » Il fait la distinction entre les élections municipales « avec un candidat certes de LREM, mais [qu’il n’a] pas soutenu » et son soutien au président de la République « qui pour [lui] est total ».

Eric Alauzet n’a pas répondu à nos sollicitations, mais son faible score le faisait s’interroger dimanche soir sur son maintien ou pas à un improbable deuxième tour…

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